I.     Contexte national et international

A l’échelle mondiale, de nos jours, l’on parle de plus en plus de droit à l’eau, à un environnement sain et bientôt de droit à l’électricité comme composantes essentielles de droits économiques et sociaux proclamés dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme (DUDH). Au Togo, les taux d’accès à ces ressources demeurent relativement faibles en moyennes et sont drastiquement restreints en zone rurale, en particulier dans les zones septentrionales proches du Sahel, zones où les taux de pauvreté et d’extrême pauvreté sont les plus élevés.

La situation peut paraitre meilleure en zone urbaine grâce à un réseau de distribution électrique et d’adduction d’eau qui ont le mérite d’exister et qui fait l’objet de différents projets de rénovation et d’extension financés, à coup de milliards de francs, par les bailleurs de fonds. Mais au-delà des rapports bien huilés destinés aux bailleurs de fonds, au-delà des taux d’accès mirobolants et en forte progression présentés, l’accès au quotidien à l’électricité, à l’énergie domestique destinée à la préparation des repas, à l’eau potable et à la collecte et la gestion des déchets restent difficiles pour la plupart des ménages urbains, surtout à un coût compatible avec les niveaux de revenu de la grande majorité des ménages.

II.               Enjeux et Objectifs du Pilier “ Eau, Energie, Environnement et Assainissement ” du Nouveau Contrat Citoyen

L’enjeu des contributions sera ici, en premier lieu, d’établir un état des lieux des ressources hydriques et énergétiques de différent type disponibles afin de déterminer le potentiel mobilisable dans chaque région du Togo, ainsi que les fluctuations à prendre en compte selon les saisons, fluctuations qui sont à l’origine des coupures d’eau et délestages qui sont monnaie courante en saison sèche.

Ensuite, les besoins en eau et en énergie (électricité et autres sources d’énergie) seront évalués par région et par bassin, pour chacune des trois catégories de consommation suivantes :

  • Les besoins des ménages en quantité et en qualité ;
  • Les besoins actuels et à venir de l’agriculture ;
  • Les besoins de l’industrie, en fonction des politiques et projections définies au Pilier 5 Economie, Agriculture, infrastructures (y compris hydroélectriques).

II.1.     Eau

Les ressources en eau sont abondantes au Togo mais mal réparties, mal entretenues, insuffisamment mises en valeur et traitées. Laissé totalement à l’abandon, le réseau hydrique du Togo s’est fortement dégradé. Les fleuves et rivières comme l’Oti, l’Anié, le Mono ont vu leur débit baisser, le lit de certains affluents ayant été, par endroit, transformés en véritables décharges publiques.

La mission primordiale des contributeurs consistera à établir ou actualiser une carte hydrographique du Togo et à mener une évaluation des ressources en eau disponibles par préfecture et par région, en quantité et en qualité. Le premier objectif est donc de mettre en évidence le potentiel hydrique de chaque bassin géographique et économique, dans la perspective d’une politique d’aménagement du territoire.

Le potentiel sera ensuite confronté aux trois grandes catégories de besoins de chaque bassin ou région à savoir :

  • Les besoins en eau courante pour la consommation et les petites activités artisanales des ménages ;
  • Les besoins industriels, que ce soit pour les industries extractives ou les industries de transformation ;
  • Les besoins de l’agriculture et de la pisciculture, si le plan d’aménagement du territoire prévoit des superficie irriguées ou la fourniture d’appoint à l’agriculture pour corriger les aléas d’une pluviométrie de plus en plus perturbée par le réchauffement climatique.

Les besoins des infrastructures qui auront été retenues dans le développement de ce pilier ou dans celui d’autres piliers (EAI ou aménagement du territoire par exemple) seront à prendre en compte, dans une deuxième itération pour corriger la balance à établir entre l’offre et la demande par bassin.

La confrontation des ressources disponibles aux besoins identifiés permettra, dans un troisième temps d’identifier :

  • Les excédents ou pénuries d’eau par bassin et suivant les saisons ;
  • Les moyens à mettre en œuvre pour combler les pénuries ainsi que les infrastructures à construire pour transférer les excédents vers d’autres zones géographiques déficitaires ;
  • Les équipements de traitement, de stockage d’eau potable, sans oublier les infrastructures à mettre en place pour traiter les effluents ménagers, industriels et agricoles afin de lutter contre toutes sortes de pollution.

II.2.     Electricité

Malgré son interconnexion aux réseaux ouest africains, le réseau de transport d’électricité (réseau haute tension et moyenne tension) du Togo reste sommaire et ne dessert que les villes qui ont la chance de se situer sur l’axe des trois principales nationales qui traversent le pays. En attendant l’extension des réseaux de transport connexe, il peut paraitre intéressant de privilégier les solutions de type « énergie distribuée » (Distributed power solutions), c’est-à-dire des centrales de taille petite ou moyenne pouvant desservir des localités non encore raccordée au réseau de transport d’électricité. Les contributeurs devront, dans un premier temps, s’atteler à étudier et à valider cette option par rapport à celle des grosses centrales à énergie fossile, voire nucléaires.

La priorité devra être accordée aux énergies propres, nouvelles et renouvelables. Dans ce cadre, un programme réaliste d’installation de panneaux solaires et d’éoliennes sera privilégié.

Les stations hydroélectriques de petite taille seront également explorées, sans oublier qu’une croissance de la production actuelle pourrait simplement et à moindre coût, provenir de la réhabilitation ou de l’extension des ouvrages existants. A titre d’exemple, le barrage de Kpimé date du début des années 60 et les travaux de sa réhabilitation n’ont jamais été véritablement entrepris.

Il existe aujourd’hui en Afrique des expériences vertueuses de recours à l’énergie solaire. Le Togo peut s’en inspirer, surtout pour couvrir de manière autonome ou en dépannage pendant les délestages notamment, les besoins des lieux de grande fréquentation comme les écoles, les marchés, les voies publiques, les centres sociaux, les centres de connexion et les centres de soins (hôpitaux, dispensaires, etc.). 

Comme la méthodologie détaillée ci-dessus pour l’eau, les objectifs principaux des contributions seront l’autosuffisance énergétique nationale qui passera par :

  • L’évaluation des besoin actuels et futurs  comptent des investissements, notamment miniers et industriels planifiés ;
  • L’inventaire des ressources disponibles et leurs potentiels en cas d’amélioration ;
  • L’estimation des nouvelles capacités et le mix énergétique à prévoir pour couvrir les besoins, de manière autonome ou en ayant recours aux possibilité offertes par l’interconnexion si le coût de ces importations  sont plus attractifs.

II.3.     Environnement et assainissement

Le traitement de la question de l’énergie ne peut occulter l’énergie domestique nécessaire à la couverture des besoins des ménages, la question du bois de chauffe ayant un impact important sur la déforestation.

Par ailleurs, la question de la gestion des déchets, qu’ils soient domestiques ou industriels est aux confluents de la gestion des ressources en eau et en électricité d’une part, des problématiques évoquées dans les piliers économiques et aménagement du territoire d’autre part. Le caractère transverse de ces problématiques devra être pris en considération dans le cadre du nouveau contrat citoyen.

III. Instructions pour les contributions :

Comme précisé ci-dessus, ce pilier est en connexion avec plusieurs autres piliers du Nouveau Contrat Citoyen. Pour atteindre les objectifs ambitieux de ce pilier, nous avons besoin de contributions diverses et complémentaires aussi bien au niveau national qu’à l’échelle régionale et internationale.

Des compétences techniques spécifiques sont toutefois nécessaires, parmi lesquelles celles :

  • Des spécialistes des sciences de la terre, notamment des géographes, hydrographes, et hydrologues ;
  • Des sciences de l’ingénieurs notamment en électricité, en génie civil et en mécanique des fluides ;
  • Des ingénieurs spécialistes du génie biologique et du génie de l’environnement etc…

C’est le moment de mettre en commun, au service de l’œuvre de construction de la cité, les compétences et expériences acquises au Togo ou ailleurs.

Togolais viens ! Bâtissons la cité !